Miyazaki, Takahata et Studio Ghibli

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Posté dans : Anime & Animation

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #378512

    Cela se défend, de toute façon Miyazaki n’a pas voulu laisser d’indices très précis semble t-il.
    Cette illo (de fin de générique ?) cependant jure un peu avec les véhicules du film. Dans mes collections d’art, j’ai aussi des voitures à carrosseries compactes de la fin des années 30, à commencer par la Volkswagen (1936).
    Le début des années 50 est envisageable, et après tout pourrait se lier à des souvenirs ruraux de Miyazaki (né en 1941, donc âgé de 10 ans en 1951, comme Satsuki ou Kenta apparemment).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #379064

    Poursuivant mon enquête sur la date où “Totoro” se déroule à l’aide de mon DVD et du chapitrage des scènes, je constate ceci :
    Les autobus de campagne ressemblent tout à fait à celui des photogrammes du film “Hideko receveuse d’autobus” (1941) de Mikio Naruse (et on aperçoit une receveuse d’autobus dans “Totoro”), MAIS le rural triporteur-pick-up du début, vu de près, équipé d’essuie-glaces et d’une suspension assez moderne, est plus conforme aux débuts 1950.
    Si l’énorme radio et le téléphone sont carrément années 1930, la lampe de plafond de la cuisine dans la vieille maison semble récemment changée vers 1950 : abat-jour en métal émaillé couleur saumon assez vive (elle a droit à un gros plan quand la bourrasque la fait trembler avec toute la baraque).
    Manque de pot, à l’hôpital, si l’on aperçoit un calendrier dans la chambre de la mère des enfants, il ne mentionne en hiragana que le mois d’avril, sans date. Une des patientes dit à une autre “J’ai appris la nouvelle ce matin : j’ai été très surprise !” mais nous ne savons pas de quoi.
    Une vue de la campagne nous montre de très élevés pylônes métalliques à haute tension avec 6 lignes typiques du redémarrage économique japonais années 50 (et fondé sur l’hydro-électricité).
    Si le travail à domicile du père, le professeur Kusakabe, paraît archaïquement gratte-papier à la main, il est cependant en poste au secteur Anthropologie de l’Université, études “modernes”.
    Enfin, les robes des deux gamines et leurs coiffures collent mieux avec 1950 qu’avec la fin des années 30 (bien qu’il ne faudrait pas sous-estimer les modes féminines japonaises de ces années, analogues à celles de l’Europe jusqu’aux directives de la dictature en 1938/39).
    Cependant si Tom ou d’autres parlaient de 1957, je pense plutôt à une date un peu antérieure. Suis preneur de tous indices supplémentaires !
    La musique de Joe Hisaishi est décidément sublime ! Et on est ému par la longue course folle de Satsuki à la recherche de Mei, cliffhanger du film.

    Bub
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    bub le #379489

    Voici une interview dans laquelle Miyazaki déclare ceci :

    Qu’en est-il de l’époque ? J’ai entendu dire qu’elle se situait dans les années 1957, 1958. Pourtant, en regardant le film, il semble que beaucoup de vos souvenirs d’enfance y soient représentés.
    Cette histoire ne se déroule pas pendant les années 1955-1960. Mais à une époque où il n’y avait pas encore la télévision. Au début, je pensais faire entendre une émission de radio de l’époque mais cela aurait été un peu trop prétentieux. J’ai donc éliminé ce genre de détails. On a droit à tout cela dans Le Tombeau des lucioles. Je n’en ai donc pas besoin dans Mon voisin Totoro.

    D’où on en déduira que le film se situe quelque part au début des années 50.

    Admettons que le film se déroule précisément en 1950, cela donnerait un sens particulier à l’âge des fillettes :
    – Satsuki, 10 ans, serait née JUSTE AVANT l’entrée en guerre officielle du Japon (soit quelques mois avant la signature du pacte de l’Axe).
    – Mei, 4 ans, aurait été conçue JUSTE APRES la capitulation (Mei = Mai, soit le 9ème mois à partir de septembre, mois de la capitulation de 1945).

    Bien que Miyazaki n’en dise rien, ça me semble apporter un éclairage supplémentaire sur ce que représentent ces deux personnages dans Totoro et les rapports que les fillettes entretiennent entre elles (Satsuki, “fille qui a vu naître la guerre” qui court après Mei, “fille de la paix”…), avec leurs proches et avec les “esprits de la forêt”.
    En outre, le personnage de Satsuki n’existait pas dans les premières ébauches du film. Miyazaki a finalement créé ce personnage et les deux fillettes “encadrent” la naissance du réalisateur, né, lui, en plein conflit.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #380493

    Superbub, très intéressant et très précis apport !
    Ainsi le poste de radio (dont l’absence narrative par la suite m’intriguait) fut d’abord investi d’un rôle par Miyazaki ! Mais il a préféré estomper les faits datant exactement l’action féerique (il a eu raison). En 1950 (ou 1951) il a dix ans et la TV n’est pas encore présente au Japon, comme il le dit – je possède une repro de pub nipponne de 1953 annonçant son arrivée, évidemment pour une certaine élite – En 1951 le grand événement, peut-être celui dont parlent les femmes avec étonnement à l’hôpital, est la signature du Traité de San Francisco, amenant la fin de l’occupation américaine (en échange de l’appui logistique du Japon dans la guerre de Corée).
    Sur le calendrier de l’hôpital je lis bien “shigatsu”, soit “avril”, mais comme nul pétale de cerisier ne se montre, on doit être après le 15, et dans le film on débouche ensuite sur l’étouffoir de l’été. Toutefois le prénom “Mei” n’est pas “mai”, il signifie en composé… “nom”. Ou encore “nièce”. J’ignorais tout à fait que Satsuki n’était pas prévue au départ ! Pourtant elle apporte énormément, on peut même l’affirmer personnage humain principal du film.

    On peut sans doute dire que Miyazaki, très soucieux du “détail vrai”, a pourtant et souvent court-circuité la référence historique, par probable volonté d'”intemporalité du rêve”. Mais son dernier film “Le Vent se lève” est finalement et de loin le plus référencé historiquement.
    “Nausicaa” un des tout premiers est hors course au contraire, situé en un lointain et vague futur, ainsi que “Ponyo” ou “Le voyage de Chihiro” puisqu’ils se déroulent à notre époque (encore que le maître visiblement n’arrive pas à y intégrer le téléphone portable ni même la TV !).
    On le sait, “Porco Rosso” est daté des années 1920 / 1930 : nous pourrions nous amuser à essayer de préciser.
    De même pour “Le Château dans le Ciel”, “Princesse Mononoke”, “Le Château Ambulant”, qui ont tous trois un décor et contexte assez précis…

    Bub
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    bub le #380706

    Sur le calendrier de l’hôpital je lis bien “shigatsu”, soit “avril”, mais comme nul pétale de cerisier ne se montre, on doit être après le 15, et dans le film on débouche ensuite sur l’étouffoir de l’été. Toutefois le prénom “Mei” n’est pas “mai”, il signifie en composé… “nom”. Ou encore “nièce”. J’ignorais tout à fait que Satsuki n’était pas prévue au départ ! Pourtant elle apporte énormément, on peut même l’affirmer personnage humain principal du film.

    J’insiste sur Mei = Mai (ou “May” en le prononçant en anglais, si tu préfères), car il fait doublon avec Satsuki (qui veut dire… Mai dans l’ancien calendrier lunaire japonais). On connait suffisamment l’importance que Miyazaki accorde aux noms de ses personnages pour souligner ce rapprochement tout sauf anodin qui d’ailleurs marque encore une subtile opposition : une ancienne appellation concernant Satsuki et une appellation moderne pour Mei.
    Et il doit aussi y avoir une relation avec les fleurs (Satsuki si j’en crois google, c’est l’azalée, qui doit symboliser un truc important j’imagine, quant à Mei, c’est la fleur de prunier en chinois).

    On peut sans doute dire que Miyazaki, très soucieux du “détail vrai”, a pourtant et souvent court-circuité la référence historique, par probable volonté d’”intemporalité du rêve”. Mais son dernier film “Le Vent se lève” est finalement et de loin le plus référencé historiquement.
    “Nausicaa” un des tout premiers est hors course au contraire, situé en un lointain et vague futur, ainsi que “Ponyo” ou “Le voyage de Chihiro” puisqu’ils se déroulent à notre époque (encore que le maître visiblement n’arrive pas à y intégrer le téléphone portable ni même la TV !).
    On le sait, “Porco Rosso” est daté des années 1920 / 1930 : nous pourrions nous amuser à essayer de préciser.
    De même pour “Le Château dans le Ciel”, “Princesse Mononoke”, “Le Château Ambulant”, qui ont tous trois un décor et contexte assez précis…

    Pour ma part, j’ai toujours scindé en deux la production de Miyazaki avec d’une part les contes (Totoro, Chihiro, Ponyo et dans une certaine mesure Laputa et le Château ambulant) et d’autre part les fictions (Nausicaa, Porco Rosso, Mononoke, Kiki et le Vent se lève).
    Miyazaki a vraiment construit certains de ses films comme des contes (genre littéraire qu’il a étudié à l’université je rappelle), j’y retrouve les structures et figures propres à ce type de récit. Par ailleurs, il y a une cohérence globale entre Totoro, Chihiro et Ponyo, qui explorent les mêmes thèmes sur des registres sensiblement différents (notamment sur le rôle des parents). Raison pour laquelle j’estime qu’il inscrit ces films dans une intemporalité nécessaire au genre (ce sont des contes…), bien qu’ils tiennent place dans une époque “moderne” (Miyazaki parle souvent de “transition”, en fait, il essaie de construire une mythologie qui s’inscrit dans la continuité des mythes nippons historiques tout en la transcrivant dans un cadre actuel, je renvoie à son explication du “chat-bus” évoqué dans l’interview donnée en lien plus haut).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #381155

    D’accord en tous points ! Et je viens de lire toute l’interview, passionnante. J’ai enfin l’explication, finalement plus simple, de l’étrange bourrasque arrachant son fagot de bois à Satsuki, puis juste après du vent terrible sur la maison : Miyazaki aime les typhons ! De fait le vent lui “parle”…
    Bien sûr la pluie battante à l’arrêt de bus correspond au mois de juin, la mousson pour des semaines au Japon.
    Comme le confirme Miyazaki, j’avais remarqué dans le film que Totoro n’est pas ému de pitié par le désespoir de Satsuki, il balance entre une totale indifférence et un petit coup de main (de patte !), et ne se dérange pas, envoyant le chat-bus. Il est le Maître de la Nature, mais aussi tout simplement un gros animal imprévisible, qui s’intéresse peu aux humains et leur semble d’une intelligence assez analogue à celle d’un éléphant doué de “pouvoirs” spéciaux. Formidable spontanéité et vivacité de la course, chez les enfants, on comprend ce résultat par l’implication de Miyazaki. Comme il a eu des nièces et pas de filles, j’aurais un peu tendance à interpréter le nom “Mei” dans ce sens plus que par le terme anglais. “Satsuki” c’est l’azalée, oui, fleur de la belle saison et très persistante, je ne sais pas ce qu’elle symbolise, mais le prénom est assez “raffiné” par rapport au banal “Satsuko”.
    On s’en doutait, les “yokaï” à la Shigeru Mizuki n’intéressent pas Miyazaki, ni le Dit du Genji (qu’il déteste), ni les geisha, ni le Japon d’avant l’ère Shôwa, et sa “modernité” est une des choses qui le distinguent de Takahata, de huit ans son aîné. Il n’est pas à définir comme un nostalgique, mais un adepte de la “transition”, comme tu le signalais Bub.
    Toutefois Princesse Mononoke, bien que conte fantastique, est très nettement ancré aussi dans le 16ème siècle, exception à ses dadas. Homme riche de contradictions relatives…

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #386414

    En ce moment dans un trip Miyazaki, je continue à m’intéresser au passage aux petits détails historiques situant plus ou moins l’action à une époque donnée. Bien sûr Miyazaki conformément à son éthique de la “transition” comme nous le remarquions plus haut aime fort s’écarter d’une fidélité absolue et nostalgique. De toute façon il donne le primat au rêve, et comme tu le dis Bub, la dimension du conte dans certains films lui fait reléguer le souci de la situation temporelle à l’arrière-plan. A l’exception de Le Vent se lève.
    Laputa / Le Château dans le ciel, que je me revisionne avec grand plaisir, adapte le roman de Swift (18ème siècle) en une grande aventure autrement plus riche de rêve, justement, mais on constate vite qu’une réalité fidèle aux costumes et équipements 1910 / 1920 voisine avec l’uchronie d’un monde parallèle à celui de cette époque et qui la contredit à peine.
    Dès les premières images, qui montrent l’aéronef de Dora et de sa famille-pirate, on note que les grandes hélices latérales lui fournissent une bonne vitesse, mais que la partie sustentation, visiblement par un ballon de gaz, est beaucoup trop petite pour son rôle. Car ce qui compte, c’est la silhouette et la “tête” d’un oiseau inquiétant, façon corbeau. A l’inverse, on découvre au-dessous du vaisseau pirate une sorte de paquebot des airs suffisamment “gonflé” tel un Zeppelin, et bien soutenu par quatre grandes hélices, mais celles à l’avant pour filer horizontalement sont trop petites, d’où lenteur. On devine une attaque facile des pirates par conséquent. Jusque là on se sentait vers 1920 peut-être, mais dès que les fliptères se lancent à l’assaut, on entre dans le rêve S.-F. Les pirates ont une tenue surprenante : masques à bec d’oiseau, collants roses trop courts et ballerines (!) pour le clan Dora, mais les passagers agressés portent des habits conformes à ceux de 1910, les hommes la moustache taillée à la mode du temps, le chapeau melon même pour les sbires de Muska. En revanche leurs lunettes noires étaient bien rares en ce temps-là (c’est une mode arrivée avec les troupes US fin Seconde Guerre Mondiale). Muska télégraphie en morse façon 1910 / 1920 là encore, mais les pistolets à bombes de gaz du clan Dora ne peuvent exister alors. Effrayante chute dans le vide de la fillette Sheeta.
    Ce n’est qu’après cette scène-choc d’assaut d’abordage qu’est lancé le générique d’opening, étonnant résumé historique d’une Révolution Industrielle non conforme à la nôtre, avec engins improbables, hélices géantes, îles volantes, catastrophes, et retour au monde d’avant.
    Le village des mineurs nous est décrit ensuite en suivant Pazu, et là aussi tout semble parfaitement “1910” : costumes rapiécés et casquettes des ouvriers, machines à vapeur, parcimonieux éclairage électrique.
    La seconde attaque qu’y mènent Dora et ses fils donne à voir une (formidable !) poursuite à l’aide d’une voiture exactement de la même époque (et volée au chien Sherlock Holmes ??), à travers les rails, sur des ponts vertigineux.
    Bref ! Pour le spectateur, le choc avec l’apparition et le réveil du robot de Laputa n’en sera que plus grand, ce que souhaitait évidemment Miyazaki en toute cette uchronie début 20ème siècle d’une extraordinaire cohérence et plausibilité.

    Veggie11
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    Veggie11 le #387153

    La vidéo date de 2 semaines, mais je n’avais pas encore eu le temps de la regarder. Il s’agit d’une sélection de scènes supposément animées par Hayao Miyazaki dans ses jeunes années, ce qui explique pourquoi la majorité des extraits datent des années 60-70. L’occasion de voir le maître sur des titres qui ne correspondent pas forcément à l’image qu’on se fait de sa filmographie. J’ai remarqué aussi qu’à l’époque, Miyazaki avait un style tendant davantage vers le cartoon plutôt que l’ambiance poétique auquel la presse francophone tente à tout prix de le rattacher :

    Hayao Miyazaki (宮崎駿) Animation

    Arachnee
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    Arachnée le #390417

    J’ai écrit une fiche sur ce qui reste à ce jour le dernier film du studio, “Souvenirs de Marnie” :
    http://www.planete-jeunesse.com/fiche-2636-souvenirs-de-marnie.html

    Un film qui n’est pas parfait mais qui a le mérite de tenter des choses nouvelles pour un Ghibli.

    Xanatos
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    Xanatos le #390426

    Superbe fiche comme toujours Arachnée, félicitations ! 😀

    Elle est comme toujours très détaillée et informative (notamment sur les différences entre le roman original et le film d’animation) et passionnante.

    Personnellement, et comme je l’avais dit précédemment dans ce topic, j’ai sincèrement adoré Souvenirs de Marnie. Ce fut même mon film préféré parmi ceux que j’ai vu au cinéma en 2015, animés et live confondus.

     

    Ce que reprochent certains détracteurs du film, ce sont justement ces éléments là qui m’ont enthousiasmé !

    J’ai vraiment bien aimé Arietty, le petit monde des chapardeursj’ai trouvé le film très bon, mais bien trop classique.

    Marnie m’a largement plus passionné, j’ai trouvé le film résolument novateur, original et tellement plus intense que le précédent long métrage de Hiromasa Yobenayashi !

     

    Et surtout, surtout, j’ai trouvé le film extrêmement émouvant et même bouleversant, les sentiments exprimés par les personnages sont d’une incroyable justesse et touchent directement le coeur du spectateur.

    A mes yeux, ce film est un vrai chef d’oeuvre que je suis content d’avoir vu au cinéma et que je me suis empressé d’acheter en Blu-Ray quand il est sorti.

    J’espère de tout coeur qu’il ne sera pas le tout dernier film de Ghibli et que ces studios mythiques continueront dans quelques années à produire d’autres films d’animation d’exception.

     

    Arachnee
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    Arachnée le #390520

    Merci pour ton retour. J’aimerai beaucoup lire le roman d’origine mais j’avoue que j’ai un peu la flême de le lire en anglais. Dommage que la sortie du film n’ait pas poussé un traducteur à le sortir en français. En même temps, même en France, le film n’a pas l’air d’avoir eu un succès énorme, c’est dommage.

    Je pense que le film était trop différent de ce que les gens attendent d’un Ghibli et ça les a perturbés. Preuve en est qu”Arrietty’ a mieux marché parce qu’il y avait tous les ingrédients d’un Ghibli classique, même si au final le résultat était un peu fade je trouve.

    Veggie11
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    Veggie11 le #390575

    Je reviens un peu sur ce que j’avais déjà dit à Arachnée via MP, à savoir que Marnie, sans être dénué de défauts, reste un film très intéressant par son côté ”Je ne suis plus la tradition Ghibli”. Autant Arrietty ne m’avait pas plus enthousiasmé que ça, autant Marnie est une œuvre assez à part, celle d’un jeune réalisateur qui ne demanderait qu’à s’améliorer et surtout à trouver un style propre loin du poids Ghibli. Lorsque j’ai appris le départ de Yonebayashi du studio, je me suis décidée à surveiller sa carrière ultérieure, car je sens qu’il a un potentiel. Un potentiel qui ne demande qu’à se développer. Pour le futur de Ghibli, je crois vraiment que Goro Miyazaki semble idéal, d’autant que sa série Ronya fille de brigand a gagné récemment un prix à l’étranger.

    Xanatos
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    Xanatos le #390582

    Idem pour moi, je surveillerai de près la carrière de Hiromasa Yobenayashi, c’est un réalisateur très prometteur. Et si ses films suivants s’avèrent être du même niveau ou meilleurs que Souvenirs de Marnie, j’espère qu’il obtiendra la même reconnaissance auprès du grand public japonais et français que celle qu’à pu obtenir Mamoru Hosoda. 🙂

     

    Sinon Arachnée au sujet de la plupart des personnages principaux de Miyazaki qui sont toujours enjoués et sympathiques, il y a une autre exception que Ashitaka et San de Princesse Mononoké: Chihiro.

    En effet, dans Le Voyage de Chihiro, l’héroïne est au début du film très boudeuse, capricieuse, râleuse (on sent que cela l’ennuyait à mourir cette balade avec ses parents).

    Après, il est vrai qu’au fil de ses mésaventures, elle devient plus débrouillarde, mais aussi plus souriante , même si elle a aussi ses coups de blues…

    Veggie11
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    Veggie11 le #390640

    Les héroïnes enjouées présentes dans la plupart des Ghibli, j’ai l’impression que c’est un peu le schéma retenu par la presse spécialisée concernant Miyazaki, tout comme son message écologique et l’ambiance poétique, au détriment d’autres aspects tout aussi présents. Justement dans la vidéo que j’ai postée un peu plus haut, on voit les débuts de Miyazaki avec des scènes remplies d’humour burlesque qu’on retrouvera plus tard dans ses premiers films.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #390731

    Comme Veggie et Xanatos, je ne suis guère convaincu par l’idée des héroïnes de Miyazaki “enjouées et sympathiques”, les films qui les mettent en vedette n’ont pas cette mièvrerie diffusée à tort par nos médias (légende qui leur nuit au final, au détriment de leur vrai génie, oui Veggie!). Chihiro ne sourit même quasi jamais, Nausicaa non plus, Sheeta constamment traquée en a à peine le temps avec la famille pirate, et tout ce qu’on peut trouver c’est Satsuki de Totoro, Kiki la Petite Sorcière, et Fio de Porco Rosso. Quant à Ponyo c’est un petit monstre un peu inquiétant tout de même, bien que pas méchant.
    Ce que je dirais volontiers c’est qu’en dépit de la présence régulière d’un jeune garçon ou d’un homme à son côté, le vrai personnage central est la fille ; excepté dans Porco Rosso et dans Le Vent se Lève. J’aime à penser que le maître, élevé avec ses frères et qui n’a eu que deux fils comme enfants (“que des garçons !” semble t-il regretter un peu) a longtemps exprimé par là un manque.

    Marnie, comme je l’ai indiqué plus haut dans ce topic, j’ai adoré le pitch, l’ambiance, la beauté du film, mais trouvé la plate fin sans intérêt, car mon attente était justement de très haut niveau après tout ça !

    Arachnee
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    Arachnée le #390757

    Nausicaä a beaucoup de caractère mais elle sourit très souvent et montre une empathie évidente à tout ce qui l’entoure. Chihiro est renfermée sur elle-même mais on s’attache à elle instantanément parce qu’on sent qu’elle a un bon fond. Donc enjoué est sans doute incorrect (je viens de rajouter “souvent” devant) mais sympathique reste vrai je trouve, alors qu’au départ Anna m’a semblé assez insupportable, notamment quand elle se montre grossière envers Nobuko… même si ensuite on finit par comprendre pourquoi, ce qui fait qu’on ne peut que changer d’avis à son égard.

    Concernant la fin du film, on sent que le réalisateur et/ou le producteur a/ont peur de trop s’éloigner d’un Ghibli classique, d’où ce happy end un peu trop forcé. Sans compter qu’on a voulu rassurer les parents quant à l’ambiguïté des sentiments d’Anna envers Marnie en nous faisant bien comprendre que, non, elle n’est pas lesbienne lol! On retrouve la même chose dans la version animée de “Très cher frère” d’ailleurs (là où le manga ne nous apprenait rien sur le futur de la vie amoureuse de Nanako, laissant planer le mystère à ce sujet).

    Veggie11
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    Veggie11 le #390798

    Concernant la fin du film, on sent que le réalisateur et/ou le producteur a/ont peur de trop s’éloigner d’un Ghibli classique, d’où ce happy end un peu trop forcé. Sans compter qu’on a voulu rassurer les parents quant à l’ambiguïté des sentiments d’Anna envers Marnie en nous faisant bien comprendre que, non, elle n’est pas lesbienne lol! On retrouve la même chose dans la version animée de “Très cher frère” d’ailleurs (là où le manga ne nous apprenait rien sur le futur de la vie amoureuse de Nanako, laissant planer le mystère à ce sujet).

     

    Si c’est pour ça, c’est tout de même assez ridicule, Anna et Marnie doivent avoir 11 ans maximum ! À croire qu’on ne peut plus mettre en scène une amitié plus ”intimiste”, automatiquement les spectateurs y verraient un couple ! ^^ On rencontre le même problème avec les duos fille/garçon, rares sont les films/séries à présenter cette relation uniquement comme une amitié tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pour ma part, j’aime écrire des histoires où les filles et garçons vivent des relations normales, sans ambiguïté, sans même nourrir des sentiments troubles pour l’autre.

     

    Bon pour Très cher frère, je comprends ce changement (même si la fin du manga me convenait parfaitement, bien que très triste) vu le thème principal de la série ^^

    Arachnee
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    Arachnée le #390806

    Même si elles sont jeunes, il me semble que le réalisateur joue sur cette ambiguïté, vu les réactions souvent troublées d’Anna. C’est quelque chose de courant dans les shôjos mais moins dans les films grand public (surtout en Europe).

    Concernant “très cher frère”, le changement va avec le reste : l’anime se termine sur une note joyeuses, contrairement au manga. Mais on n’était pas obligé de préciser le sexe de la personne aimée par Nanako, d’autant qu’on en rajoute en couche en précisant qu’il a le même parfum que Takehiko, ce qui sous-entend que Nanako a aimé Takehiko au travers de Rei au lieu d’aimer celle-ci pour elle-même. Enfin bon de toute façon je préfère la fin du manga y compris pour le destin de Kaoru (non je ne suis pas sadique lol).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #391710

    Comme toi Arachnée, je pense que la fin de Marnie essaie de gommer la possible ambiguïté, car l’héroïne est très tomboy quand même ; évidemment, la montrer plus tard assumer dans le réel et pleinement son amour onirique pour une fille aurait dépassé le but familial/conformiste du film !
    Mais il y avait bien d’autres moyens de rendre le final plus dense. On ne comprend même pas pourquoi le journal a des pages arrachées : il ne s’est rien passé qu’un gros orage !
    Pourtant le film reste très beau, étonnant, attachant, et Marnie dans la mystérieuse maison Art Déco que l’on n’atteint qu’en bateau fascine, installe une formidable énigme…

    Un peu sédentarisé sous ma couette par le froid, la pluie, les blocages et grèves, je continue ma petite recherche-datation de contexte sur les films Miyazaki. Je devrais faire ça sur Buta Connection, mais suite à un conflit entre mon compte, mon mot de passe et mon adresse mail je ne peux plus m’y pointer.
    Alors bon, Porco Rosso, ça se déroule quand ?
    On est dans l’Adriatique italien, et vu la pression de la milice fasciste on est forcément après 1922 ; cependant à cette date Mussolini n’est que le chef du gouvernement, nommé par le roi. En créant une nouvelle loi électorale tout bénef pour lui, Mumulili (pour les intimes) se fait voter les pleins pouvoirs, et de là aboutit à fonder l’Etat Fasciste et sa dictature en 1926, sans même destituer le roi, nabot qui ne sait que traîner un grand sabre et dont tout le monde rigole. A la fin des années 20 les avions commencent à être carénés pour l’aérodynamique, afin de profiter au maximum de moteurs beaucoup plus puissants. Les nombreux hydravions montrés dans “Porco Rosso” sont des biplans, même celui du riche Américain Curtis, mais celui de Porco, un monoplan offrant moins de résistance à l’air, seul de son genre, est au top pour l’époque. Pourtant comme les autres il a un moteur surélevé au-dessus de la carlingue, ce qui nuit à la vitesse. Et là seul de toute la bande Curtis dispose d’un moteur intégré à l’avant de sa carlingue ! mais bémol, le poids augmenté de celle-ci le contraint au biplan…
    Donc le duel Curtis / Porco met aussi en compétition deux solutions “de pointe” au problème de la résistance de l’air. Problème qui sera résolu par les monoplans à moteur intégré dès 1931, date de sortie en prototype du chasseur allemand Me 109, avion le plus rapide du début de la guerre. Résultat obtenu grâce à un renforcement novateur, la structure interne en X des ailes (mon père est un ex-ingénieur en aéronautique).
    On conclura que l’époque du film est 1928 / 1930, ce que confirment les robes et chapeaux de la belle Gina.
    L’ending nous fait admirer le Piccolo, léger avion ultra-moderne équipé d’un réacteur créé sans le moindre doute par Fio et joli comme elle-même : dans les années 50 ? Dans ce cas Porco approche les 60 ans (il est né en 1893).
    Ensuite je vais analyser sous le même angle “Mononoke Hime”.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #396366

    Mononoke Hime est des plus faciles à situer. En effet on y voit des hordes de samouraïs pillards analogues à nos “Grandes compagnies” de la Guerre de Cent Ans, dont le Japon connut un équivalent (ère Sengoku du “Pays en guerre”, vers 1460 / 1560). Les fortins défensifs en palissades de bois (“yashiki”) précédèrent alors les châteaux de l’ère suivante (Momoyama), telle la petite cité de Dame Eboshi. Celle-ci utilise un des premiers mousquets japonais, révélés au pays par l’échouage d’un bateau occidental en 1543, mousquets que les Nippons copièrent très rapidement et produisirent eux-mêmes. On est donc presque à coup sûr vers 1550 / 1560, avant la réunification à marches forcées par Oda Nobunaga et son lieutenant Toyotomi Hideyoshi.

    Je reviens sur les étrangetés de Porco Rosso, qui ne manquent pas.
    D’abord évidemment : qu’est-il arrivé au pilote Marco pendant la guerre de 14-18 ? il devrait être mort, avoir rejoint le firmament des centaines d’aviateurs abattus qu’on voit un instant monter au ciel au-dessus de lui, mais lui est retombé alors lentement dans les nuages, sous la pesante forme d’un cochon. Le péché de Gina est peut-être de lui avoir préféré à cause de cela un autre jeune aviateur, celui-ci décédé ensuite. Désormais certes elle n’aime plus que lui, bien que Marco ne veuille à aucun prix l’amener à épouser ce corps porcin ; mais d’où vient-il, ce corps ?
    Fio c’est une autre étrangeté, une bien fausse ingénue. Elle ne paraît pas plus de 14 / 15 ans, et n’hésite pas un instant à se mettre en balance avec le règlement de toutes les factures, par un duel Porco / Curtis, mais quel autre enjeu que sexuel représente t-elle ? Curtis fasciné par elle ne veut que, comme il dit indirectement, “l’épouser”, mais a t-elle bien l’âge requis pour l’acte consommé ? Cette mise en enjeu m’a toujours parue vaguement salace. Elle n’en semble pas inconsciente (“Marché conclu!” dit-elle), la surexcitation des pirates envers elle qui s’installe crânement sur une chaise avec un gros sac d’or sur l’autre faisant davantage encore ressortir cet aspect plus ou moins libidineux (très rare chez Miyazaki).
    Tout le monde a remarqué qu’après le duel le visage normal de Marco, invisible au spectateur, semble revenu, du fait de la stupéfaction de Curtis : “Mais… ton visage !!”
    On a moins remarqué le bizarre final : Gina arrive en avion et embarque Fio, vers semble t-il un destin de couple particulier ! On ne leur attribuait pas tant d’attachement mutuel ; même si Fio quelque temps auparavant avait dit à Porco : “Gina, c’est la plus belle des femmes ! On dit que tout le monde en est amoureux !”
    Je sais, tous les bien-pensants vont m’accuser d’avoir l’esprit mal tourné. A moins que Miyazaki ait mis dans ce film délibérément plus “adulte” que ses autres un (discret) grain de malice ?

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