Bienvenue chez les (Franco-)Belges !

20 sujets de 181 à 200 (sur un total de 393)

Posté dans : Manga & BD

  • Xanatos
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    Xanatos le #283815

    Citation (bub @ 01/11/2015 12:46)
    Très intéressant ! J'ignorais tout ça, merci Xanatos !

    Sinon en ce moment c'est l'avalanche éditoriale grand luxe chez Casterman. Entre le cas Moebius, avec la publication de l'intégrale du Monde d'Edena et une réédition augmentée des entretiens avec Numa Sadoul, la sortie la semaine prochaine du tome 11 du feuilleton d'Hergé, un coffret de l'intégrale d'Enki Bilal, un autre coffret Corto Maltese, et probablement plein d'autres trucs d'ici Noël, les collectionneurs avertis de franco-belge vont passer des moments douloureux pour leur porte-monnaie.

    Mais ça fait baver… *_*

    De rien Bub ! 😉

    Merci aussi pour tes informations sur les belles éditions françaises de BDs franco belges prévues pour la fin de l'année.

    L'intégrale Enki Bilal pourrait m'intéresser. J'avais déjà assisté à une exposition artistique de ce dessinateur et il a un trait vraiment fascinant.

    Tiens d'ailleurs, cela me fait penser, je me souviens que dans le début du tome 2 de Ghost in The Shell de Masamune Shirow, on pouvait voir une infirmière dont les traits du visage rappelaient largement plus le style graphique de Bilal que le trait habituel de Shirow, c'était vraiment troublant…
    Cela ne m'étonnerait pas que Shirow soit un admirateur de Bilal.

    Dans un autre registre, je me rappelle aussi du manga Ashman de Yukito Kishiro où son trait est bien plus épuré que sur Gunnm et le graphisme rendait cette fois un vibrant hommage au trait de Frank Miller à l'époque où il se consacrait à l'une de ses œuvres majeures, Sin City

    Geoff34
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    geoff34 le #326060

    The Grocery, une bande dessiné en 4 tomes, qui vaut le coup d’œil ne serait-ce que par ces dessin assez originaux

    http://www.bedetheque.com/BD-Grocery-The-Tome-1-143246.html

    Mauser91
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    Mauser91 le #326759

    Ma fiche du film d’animation Tintin réalisé par l’ami Spielberg a été publiée sur le site Planète Jeunesse :
    http://www.planete-jeunesse.com/fiche-2562-les-aventures-de-tintin-le-secret-de-la-licorne.html

    J’aime beaucoup ce film. Je le considère comme la meilleure adaptation d’une BD franco-belge (avec Astérix et le Coup du Menhir), et puis ce casting de malade : Spielberg, Peter Jackson, Edgar Wright…que demander de plus ? ^^

    Xanatos
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    Xanatos le #326972

    Ah !

    J”allais donner le lien de ta fiche mais tu m’as devancé !

    Je pensais cependant que tu allais en parler dans le topic des “animés occidentaux”…

    Quoi qu’il en soit, comme je l’ai dit autre part, c’est une superbe fiche très développée et qui explique bien la longue genèse du film et qui met bien en valeur les qualités remarquables de ce long métrage de Tintin. 🙂

    Chapeau Mauser91 ! 🙂

    Mauser91
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    Mauser91 le #326974

    Merki ^^

    J’aurais payé cher pour voir l’adaptation de Tintin au Congo, album faisant partie des ouvrages m’ayant donné envie de lire, malgré, oui, le contexte racial que je n’ai compris qu’à l’age adulte, et pour voir Jack Nicholson en Capitaine.

    Spielberg avait d’ailleurs prévu de fair eune trilogie dès les années 80, et comptait réaliser le premier et confier la mise en scène des deux suites par Polanski (qui voulait adapter les Cigares du Pharaons) et François Truffaut.

    Pour moi, l’acteur qui aurais été parfait pour jouer le héros, c’était le regretté River Phoenix, je pense qu’on se comprendra 😉

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #328493

    River Phoenix en Tintin, parfait oui ; Jack Nicholson en Haddock, euh, là, j’ai un peu de mal à imaginer…
    En tout cas, superbe fiche que j’ai lue aussi, Mauser.
    Il me semble qu’un film Spielberg sur les deux albums autour du Temple du Soleil ne serait pas mal, mais il y faudrait mêler un autre album pour éviter le copié-collé (par exemple l’adaptation animée de “Corto Maltese en Sibérie” m’a ennuyé à force de fidélité à l’album).
    Associer la saga de Rascar Capac à une autre aventure d’Amérique du Sud, donc. “L’Oreille Cassée”?

    Veggie11
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    Veggie11 le #328834

    Un film mêlant L’Oreille cassée au Temple du Soleil, je vote pour !

    Mauser91
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    Mauser91 le #329455

    Ah oui, j’achète ! Merci à vous deux ^^

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #365747

    Un album (et tome 2 paru ) : Centaurus

    Vraiment j’adore le climat où excelle Léo : découverte d’une planète ou d’une situation exotique (“Aldébaran”, “Namibie”…) et où surgissent à l’improviste des créatures totalement déjantées mais en même temps si “réelles” ! Quel talent ! Certes il a besoin aussi de bons associés au scénario.
    Centaurus, conjointement avec Rodolphe et Janjetov, ça le fait !!
    En fait il y a aussi la narration, qui est situé dans la “focalisation interne” comme on dit d’un brave colosse un peu inculte ayant toujours vécu dans un village. Mais ce dernier n’est qu’un bled d’une “campagne” dans un astronef-monde en route depuis 4 siècles pour trouver un nouveau havre de vie pour les Terriens. Où cela ? dans le système d’Alpha Centaurus, où l’on a détecté une planète de type terrestre. Or on arrive ! Exploration lancée par une équipe très contrastée, et surprises ou mystères déboulent ! Très bien mené, sur ces deux premiers albums en tout cas !
    Il y a presque déception avec les saga signées Léo quand tout s’éclaire… Alors, pourvu que ça dure !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #416791

    J’ai fait une bonne affaire : pour dégager de l’espace dans mes étagères de manga, je me suis résolu à aller proposer à la vente les 7 volumes parus en français de Wilderness de Itoh Akihiro. En effet il y a un siècle qu’on attend en vain le volume 8 qui, clairement, ne viendra jamais. De plus cet excellent road-movie des frontières USA-Mexique au ton plutôt sanglant / tragique se met à “déconner” (ya pas d’autre mot!) sur les volumes 3 et 4 avant de reprendre un ton sérieux. Chez Ahpoumbapoum je l’ai proposé contre un avoir – ça rapporte plus que des sous – et j’ai obtenu 30,50 euros : inespéré pour une série non achevée !
    Et en furetant dans ce très riche magasin j’ai dégoté 3 volumes de Blake et Mortimer, ah là là, nostalgie quand ça vous prend ! gratuits donc.

    Je viens de relire Le Piège Diabolique, que j’avais lu il y a très longtemps. Quelle magie ! même si un peu moindre que jadis. Narrativement c’est brillant : construit en 3 actes et en crescendo, centré sur le seul Mortimer, ce qui disperse moins le récit.
    Je pense qu’avec un classique aussi ancien (l’aventure a été publiée en série en 1960, puis en album en 1962) le spoil n’est pas grave, mais si vous avez envie de le (re)lire, sautez ce qui va suivre.

    Intrigué par une lettre posthume du satanique professeur Miloch, Mortimer se rend au repaire de ce dernier, au pied du château de La Roche-Guyon (Blake a dû s’absenter pour 3 jours). Là il découvre une machine des plus étranges, un “chronoscaphe”, et la voix enregistrée de Miloch lui propose de tenter le voyage dans le temps. Muni de son pistolet, Mortimer se lance, mais le réglage de la date un peu antérieure ne fonctionne pas, le voyage est traumatisant, et quand il parvient à stopper, il débouche d’emblée chez les dinosaures du Crétacé ! On a droit au grand spectacle, la poursuite par un platéosaure et le classique surgissement d’un tyrannosaure-rex, star obligée, avec combat colossal entre les deux monstres. Prenant, certes, mais assez banal en fiction, même en 1960. Tel un hominien basique, Mortimer vainc les ptéranodons à l’aide d’un gros os comme massue.
    Deuxième saut temporel : même problème directionnel. Ici un long et angoissant prélude remplace le choc presque direct par la montée interminable d’un escalier-mystère (Jacobs aurait-il lu “La Maison aux mille étages” de Jan Weiss?). Le rideau se déchire seulement quand Mortimer par une ouverture dans la roche découvre une scène “sortie tout droit d’une miniature du 14ème siècle” comme le précise la légende de la case. S’ensuit une aventure de cape et d’épée, avec un autre grand classique fictionnel depuis “Ivanhoe”, la prise d’un château-fort par des paysans révoltés. Mortimer a fière allure l’épée à la main, son scaphandre et son casque de S.-F. en parallèle avec une armure médiévale, mais c’est sa connaissance du judo qui lui permet de vaincre.
    Le troisième saut lance notre héros terriblement loin dans l’avenir – le lecteur s’en aperçoit en même temps que lui à cause des machines futuristes énormes et pourtant totalement rouillées et moussues, dans d’immenses souterrains. La langue française semble avoir oublié son orthographe avec le panneau d’un ex-métro : “stassion 3 direcsion pari santre” (du train où l’on va, il n’y aura pas besoin pour ça d’attendre une flopée de siècles !). Elles sont magnifiques, ces 7 pages dantesques d’énigmes effrayantes, de faux espoirs de sortie, de labyrinthe muré ou ravagé de partout, d’antiques structures en ruines concassées, d’armes inconnues éclatées, et qui se terminent dans une salle où se lancent tout seuls des films de propagande grotesquement déformés et parasités de craquements ! Mortimer perd conscience, exténué, mais le lecteur lui est sur des charbons ardents : la suite ! Et le rideau se lève à nouveau, sur le 51ème siècle. Cette fois c’est par ses connaissances en physique nucléaire, oubliées par les gens de cette époque, que Mortimer va briller, se rangeant du côté des rebelles contre la dictature du Guide Sublime (tous les fascismes furent dirigés par un “guide”, Duce, Führer, Conducator, Caudillo, etc.). Quelques belles trouvailles de SF émaillent cette partie, la plus longue de l’album, tels les robots destructeurs flottants en forme de champignons d’acier. Belles prémonitions de Jacobs aussi : c’est sur un écran de “visionneuse” qu’un assistant trouve un texte du 22ème siècle sur Mortimer, autant dire que c’est internet ! Focas et Mortimer communiquent par une sorte de cell-phone sur mode vibreur au poignet, montre connectée, quoi !
    Mortimer réussit bien sûr à regagner son époque et sa pipe.
    Un album-culte que j’adore, même si quelques petites invraisemblances apparaissent (la plus grosse est que Mortimer, homme intelligent, laisse à trois reprises son pistolet sur le siège du chronoscaphe en partant se balader à l’aveuglette !).

    Bub
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    bub le #416804

    Très grand album que Piège diabolique !

    Une excellente occasion d’y admirer tout le talent de Jacobs pour “la mise en planche” ! ^^

    Par exemple, le soin qu’il apporte aux décors est incroyable :

    Tous ces détails ! Regardez la richesse avec laquelle il a dépeint ce village médiéval pittoresque (et authentique, il existe vraiment). La perspective et le cadrage choisis lui permettent de mettre un maximum d’éléments tout en évitant de surcharger l’image et de la rendre illisible.
    Idem sur la seconde image : difficile d’évaluer exactement la profondeur de la pièce tellement il paraît y avoir plusieurs plans d’affilée ! Mais l’oeil connaisseur appréciera d’y voir une capsule du programme Mercury, ancêtre de celui d’Apollo et contemporain de l’album sorti en 1962, avec en arrière-plan une immense fresque de Guernica (un indice sur la découverte que Mortimer est sur le point de faire quant aux devenir du genre humain ?).
    Clairement un album de Jacobs ça se déguste tranquillement et lentement. ^^

    Le plus génial, c’est que cet auteur a choisi un design épuré et minimaliste pour symboliser la haute technologie et le danger tout à la fois :

    Ces machines mystérieuses auraient pu n’avoir conservé qu’un aspect désuet de vieille BD mais la magie de Jacobs opère : ce design épuré contraste tellement avec la richesse des décors, du monde “réel” dépeint par le dessinateur qu’il en accentue l’étrangeté et met le lecteur instinctivement en alerte.
    A noter que Toriyama en reprendra plus moins le principe avec ses méchants dans DBZ, le stade ultime de Freezer n’étant plus qu’une silhouette dépourvue de masses de détails. Le mal absolu étant donc une forme pure, parfaite, presque abstraite…

    Sens de la mise en planche disais-je :

    L’apparition du chronoscaphe !

    Le chronoscaphe occupe le centre de la planche et rayonne tout autour de lui, attirant le regard du lecteur vers cette boule noire centrale qui écrase Mortimer lui-même de sa présence ! Le héros d’ailleurs est complètement désarçonné : dans chacune des cases entourant la case centrale où trône l’engin inquiétant, il n’est pas à son avantage, tantôt au sol, tantôt relégué dans un bout de case, la moitié du temps pris au dépourvu et surpris, et au final il s’en faut de peu qu’il finisse à poil ! Pas de doute : le chronoscaphe est une redoutable machine !

    Un classique ! ^^

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #416808

    Très pointue démonstration de tout le talent artistique de E.P.Jacobs, cher Bub !
    Moi je me suis demandé pourquoi il montrait cette fresque d’après le célèbre tableau de Picasso, “Guernica” de 1937, sans que Mortimer ne le remarque (ce qui lui donnait un premier repère temporel alors qu’il en cherchait partout), mais il est vrai que c’est un scientifique, et ce sont donc une carte ahurissante de l’Europe, puis la capsule Mercury, enfin la date 2050 qui le font réagir. Ce qui te donne raison, Bub : c’est une allusion de plus aux guerres sanglantes de l’ère fasciste, à un éternel retour de l’Histoire.
    Les pulsations sourdes qu’entend Mortimer me semblent une réminiscence de “La Machine à explorer le temps” de H.G. Wells, ainsi que la division future en deux “castes”, l’une technicisée et l’autre régressée – malgré les très grandes différences.
    Le lecteur regrette de ne pas même apercevoir le Guide Sublime ; le récit ne fait que suggérer visuellement (sur une seule case) que c’est peut-être une entité d’oligarques (quatre silhouettes avec le même bonnet de lama tibétain que celui de Focas).
    Bien d’accord avec toi sur les designs épurés, et le côté impressionnant du chronoscaphe. Il est très bien conçu par ailleurs, car voué à “atterrir” en n’importe quel sol antique ou futur, son habitacle est protégé de partout par ses deux anneaux perpendiculaires.
    C’est un album hors-norme dans la saga du fait de l’absence d’Olrik et, quasi-totale, de Francis Blake. Absence (mais habituelle) de femmes aussi, à part Agnès la fille du baron, parfait exemple de “sexe très faible” à protéger du moindre courant d’air.
    Rigolons un peu : pourquoi Philip Mortimer au début prend-il le risque insensé de partir en solitaire ? Eh bien parce qu’il ne peut faire autrement ; son Francis chéri parti pour 3 jours, Philip s’ennuie tellement qu’il est prêt à tout !
    Ainsi dans un article du “Monde 2” de 2007 joint à mon album, le dessinateur de BD Hughes Micol s’amuse à illustrer nos deux héros dans l’intimité. Mortimer est déjà au lit en pyjama, en train de lire la pipe au bec, mais Francis Blake en robe de chambre, depuis la salle de bains lui lance : “By Jove Philip ! vous avez encore oublié de reboucher le dentifrice !” Et lui : “Mmmm ? Sorry old chap…”
    En réalité il n’y avait rien de gay (du moins au niveau conscient) dans tous ces duos masculins sans la moindre ombre de femme ou côtoyés de femmes-gêneuses, Blake/Mortimer, Spirou/Fantasio, Corentin/Kim, Haddock/Tintin, Astérix/Obélix, etc. Il ne s’agissait que d’un monde encore totalement patriarcal, avant la “révolution sexuelle” des années 1964 / 1966.

    Je commence tout juste à lire maintenant “L’énigme de l’Atlantide”, et ensuite j’ai pris “Les sarcophages du 6ème continent” pour juger de la postérité de E.P. Jacobs.

    Bub
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    bub le #416923

    Je n’ai jamais été convaincu par ces histoires de patriarcat. Après tout, les héros du journal Tintin n’étaient même pas sexués ! Pas de femme, pas d’enfants, même pas de famille. Ils sont nés pour l’Aventure, point barre ! Au diable les sentiments, place à l’action et parfois à la réflexion pour se sortir d’un mauvais pas. La “révolution sexuelle” n’a pas changé grand chose à ce titre, les femmes restant soit des faire valoir, soit des substituts féminins de personnages d’action, tout simplement plus sexuées…

    Qui plus est, parmi les plumes du studio Hergé, Hergé lui-même dessinait un frère Et une soeur dans des aventures pour jeune public (Jo, Zette et Jocko) et Bob de Moor avait flanqué son héros Barelli d’une superbe et voluptueuse prétendante, Anne, 18 ans avant la “révolution”. Il est vrai que dans ce dernier cas il s’agissait d’une série à visée comique, où le vaudeville est plus aisé que dans des oeuvres épique où le suspense feuilletonesque laisse peu de place à toute tentative de badinage.

    En effet, ne pas oublier qu’à l’époque la prépublication impliquait quasiment une action/une chute/un suspense par page chaque semaine ! S’il y a ici ou là la place pour un gag, difficile de développer une relation amoureuse… C’est la forme qui décide du fond, tout simplement.

    Pour en revenir à Blake et Mortimer, tu m’as fait réaliser cher Yupa que durant la décennie 1955/1965 Hergé et Jacobs ont entrainé leurs héros dans des directions diamétralement opposées !

    D’un côté Hergé qui a délaissé l’ambitieuse “hard science”, comme nous dirions aujourd’hui, d’on a marché sur la lune et l’affaire tournesol pour développer petit à petit des intrigues de plus en plus intimistes (l’humanisme d’un coke en stock, l’ode à l’amitié d’un tintin au tibet et enfin le huis clos expérimental des bijoux…).
    De l’autre Jacobs, qui quitte peu à peu les rives du fantastique (pyramide, marque jaune), pour aborder le mythe révisé SF de l’atlantide, avant de verser dans la menace d’ordre global (comme dans l’affaire tournesol), et enfin dans la SF pure du piège diabolique.
    Finalement l’un et l’autre feront une volte face à la fin des années 60 : une mauvaise SF pour hergé avec vol714 pour sydney (scénario né pendant l’écriture de tintin au tibet et qui a débouché sur plusieurs pistes différentes qui donneront aussi naissance aux picaros…) et l’affaire du collier pour Jacobs qui est un pur policier, se voulant parfaitement réaliste là où Hergé pendant ce temps s’est aventuré dans l’ésotérisme des OVNI…
    Et il faudra encore une dizaine d’année pour les deux pour publier un nouvel album (picaros donc et professeur sato tome 1 pour jacobs).
    Et l’un et l’autre n’achèveront pas leur ultime album… (alph’art et sato tome 2 achevé en 1990 par Bob de Moor !)
    Surprenants chemins qui se croisent et se recroisent pour les deux vieux amis inséparables…

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #417043

    Tout à fait, Bub, c’est un entrecroisement assez curieux !
    En revanche ce n’est pas parce qu’on ne sait rien de la vie sexuelle de Tournesol ou des Dupondt qu’ils ne sont pas sexués ; et d’autant moins pour ces personnages qu’ils avaient des modèles masculins dans la vie réelle comme tu le sais. Ce sont plutôt deux très jeunes, comme Jo et Zette, qu’on pourrait appeler asexués.
    Je vais y revenir pour cet album que je viens de finir de lire :
    L’énigme de l’Atlantide (1957)
    Ben on est loin de “Dossier A”, qui nous passionna tous deux ! Il y a des qualités, mais je vais commencer par les défauts qui me sautent aux yeux.
    Le premier panorama de la capitale atlante, sur une case tronquée vers la hauteur, me paraît très faiblard venant de Jacobs ! Excepté pour 2 ou 3 engins volants, le Futuroscope de Poitiers est bien plus impressionnant. Mais bon, c’est meilleur par la suite.
    Deux autres gros défauts : d’abord, presque chaque case est lourdement légendée de textes redondants et même souvent inutiles, comme dans les BD primitives d’avant 1900. Dieu, que c’est fatigant ! Ensuite, dans la narration surabondent les invraisemblances et clichés ; entre cent exemples, Magon (= le Magog biblique), barbiche pointue, en tenue rouge à cape noire, parfait Méphistophélès d’opéra, dès qu’on le voit on a compris que c’est un salaud.
    On remarque (mais là je ne jette pas la pierre à l’auteur, c’était l’époque et le contexte qui le voulaient) l’absence de toute femme, que ce soit dans les îles Açores ou dans les foules d’Atlantes comme de Barbares. Mieux : le prince Icare, qu’on peut croire d’abord le fils du Basileus, est révélé ensuite comme son neveu, ce qui dispense de montrer une reine siégeant au côté du souverain, lequel peut très bien ainsi être célibataire ! Il ne s’agit donc pas, cher et estimé Bub, d’une simple mise à l’écart de toute intrigue sentimentale (qui certes ralentirait ou perturberait l’action et son rythme) mais bien d’une invisibilité complète de l’élément féminin.
    Pour comprendre un tel irréalisme, il faut se rappeler le milieu BD de 1945 à 1965, exclusivement fait d’auteurs masculins s’adressant à des garçons mineurs sous la protection de très puritaines lois : un corps de femme dessiné un peu sexy – ou simplement une femme, quoi, et hop ! censure, ennuis sérieux ! Or la majorité n’a été abaissée de 21 ans à 18 ans qu’en 1974… Qui plus est, les structures mentales des auteurs de la génération de Jacobs et Hergé étaient celles d’avant-guerre : cloisonnement rigide entre les univers masculins et féminins. “Les gars avec les gars, les filles avec les filles” répétait-on encore dans mon enfance vers 65. Pas un hasard si c’est le “jeune” Franquin, le tout premier je crois, qui mêla avec un peu de récurrence une jeune fille, Seccotine, à quelques aventures de Spirou et Fantasio (“La Corne de Rhinocéros”, 1953, et qq autres albums). Encore son nom de “collante” reste t-il tout un sous-entendu misogyne… A la différence du Japon, avant Claire Bretécher et Florence Cestac, zéro femme auteur de BD !
    Revenant à l’album de E.P. Jacobs, il choisit de dater la catastrophe selon la vieille erreur de lecture du texte grec : -12000. Ce qui n’a pas de sens, car les sociétés humaines de cette époque n’étaient faites que de chasseurs-cueilleurs suivant le gibier, bien avant les premiers villages, aucun “empire” stable ne pouvant donc s’établir. Pourtant Jacobs en décorant l’Atlantide selon l’art crétois montre qu’il connaissait l’hypothèse (admise depuis) d’un souvenir dans le “Critias” de la destruction de l’empire minoen par l’explosion de Santorin, vers -1500/-1450. Quant aux Barbares, ils démarquent étroitement par leur architecture et leurs vêtements un mixage des Incas et des Toltèques. Why not, old chap ? Mais au total c’est un banal péplum invraisemblablement mouvementé et manichéen. Heureusement, il y a la fin, qui ménage et réussit un beau cliffhanger, avec magnifiques planches du départ des étranges astronefs des Atlantes.
    A mon avis Hergé était bien moins fort que Jacobs pour créer des “cases-tableaux” inoubliables, mais beaucoup plus solide en narration cohérente et originale, sans parler de son humour.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #417125

    SOS Météores, que j’aborde à présent, est infiniment meilleur ! En 1959, il précède immédiatement Le Piège Diabolique et s’inspire de très gros troubles climatiques en Europe de l’Ouest vers 1953 / 1957 (rappelons que les campagnes de l’abbé Pierre dénonçaient l’inaction totale de l’Etat face au terrifiant hiver 1953/ 1954).
    Cet album est un excellent “polar”, même si Blake devrait y être un agent du MI-6, voué à la sécurité extérieure du Royaume-Uni, et non pas du MI-5 (ou sans précision) comme il est présenté parfois, ce qui le réduirait à la sécurité intérieure. C’est la même différence qu’entre la CIA et le FBI aux Etats-Unis.

    Bub
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    bub le #417127

    En revanche ce n’est pas parce qu’on ne sait rien de la vie sexuelle de Tournesol ou des Dupondt qu’ils ne sont pas sexués ; et d’autant moins pour ces personnages qu’ils avaient des modèles masculins dans la vie réelle comme tu le sais. Ce sont plutôt deux très jeunes, comme Jo et Zette, qu’on pourrait appeler asexués.

    Je crois que nous ne parlons pas des mêmes choses.
    Ce que je veux dire, c’est que dans Tintin, ou Blake et Mortimer, les personnages principaux sont à l’image de leur fonction fictionnelle : ils ont la tête de l’emploi si tu préfères. A Tintin le job du jeune intrépide, à Haddock le job du faire valoir comique, à Tournesol celui du savant, aux Dupondt celui des comiques abrutis, etc. Chacun joue son rôle et n’en sort jamais.
    Par “sexués” j’entends donc plutôt des personnages du type Nicky Larson ou Cobra. Note que le profil de “tombeur” n’apporte absolument rien à l’intrigue, à l’action. Idem pour les héroïnes hyper sexuées des BD d’action modernes. Alors certes il y avait un contexte éventuellement puritain, voire pudibond, mais intrinsèquement ça n’a absolument pas dévalué ou manqué aux ressorts scénaristiques pour de la BD d’action et d’aventure grand public (bien que visant plutôt des jeunes garçons).

    Je vais y revenir pour cet album que je viens de finir de lire :
    L’énigme de l’Atlantide (1957)
    Ben on est loin de “Dossier A”, qui nous passionna tous deux ! Il y a des qualités, mais je vais commencer par les défauts qui me sautent aux yeux.
    Le premier panorama de la capitale atlante, sur une case tronquée vers la hauteur, me paraît très faiblard venant de Jacobs ! Excepté pour 2 ou 3 engins volants, le Futuroscope de Poitiers est bien plus impressionnant. Mais bon, c’est meilleur par la suite.

    Ah ah ah ! J’imagine ta déception ! ^^
    Oui, cette Atlantide qui se voudrait aussi vaste que tout le fond de l’océan est bien vide et fade. L’album semble se chercher, tantôt lorgnant du côté de Verne et son Voyage vers le centre de la Terre, tantôt vers les Indes Noires du même Verne, tantôt vers un manque manifeste d’inspiration dû peut-être à une ambition trop grande compte tenu du sujet atlante maintes fois revisité…

    On remarque (mais là je ne jette pas la pierre à l’auteur, c’était l’époque et le contexte qui le voulaient) l’absence de toute femme, que ce soit dans les îles Açores ou dans les foules d’Atlantes comme de Barbares. Mieux : le prince Icare, qu’on peut croire d’abord le fils du Basileus, est révélé ensuite comme son neveu, ce qui dispense de montrer une reine siégeant au côté du souverain, lequel peut très bien ainsi être célibataire ! Il ne s’agit donc pas, cher et estimé Bub, d’une simple mise à l’écart de toute intrigue sentimentale (qui certes ralentirait ou perturberait l’action et son rythme) mais bien d’une invisibilité complète de l’élément féminin.

    Oh bah si ! Tiens, en voilà quelques unes dès la première page ! 😉
    Bon en effet, elles courent pas les rues et n’ont pas même un rôle de figurante interagissant avec les héros (genre une hôtesse de l’air).
    Mais pour ma part ça m’importe peu dans le fond : l’intérêt c’est l’aventure, l’exploration, pas le développement d’intrigues sentimentales. Que dans les années 50 les rôles d’aventuriers soient dévolus systématiquement à des figures masculines, on peut s’en agacer mais franchement ça ne change rien au fond.
    Or c’est plutôt le fond ici qui serait plus reprochable, la grandiose cité atlante n’étant pas à la hauteur des attentes.

    Pas un hasard si c’est le “jeune” Franquin, le tout premier je crois, qui mêla avec un peu de récurrence une jeune fille, Seccotine, à quelques aventures de Spirou et Fantasio (“La Corne de Rhinocéros”, 1953, et qq autres albums). Encore son nom de “collante” reste t-il tout un sous-entendu misogyne…

    Comme je disais, Bob de Moor avait flanqué son personnage Barilla d’une vraie amie dès 1950 (il me semble, ou 1952…). Mais le type de récit, comique et donc plus propice aux développement des caractères des personnages et donc des rapports sentimentaux, le permettait.
    Mais oui, tu as raison, sur la censure, la mentalité de l’époque, tout ça.
    Marrant, cet article semble dire que ce serait du fait d’une loi votée en 1949 après un rapprochement entre les catholiques et… les communistes !

    Revenant à l’album de E.P. Jacobs, il choisit de dater la catastrophe selon la vieille erreur de lecture du texte grec : -12000. Ce qui n’a pas de sens, car les sociétés humaines de cette époque n’étaient faites que de chasseurs-cueilleurs suivant le gibier, bien avant les premiers villages, aucun “empire” stable ne pouvant donc s’établir. Pourtant Jacobs en décorant l’Atlantide selon l’art crétois montre qu’il connaissait l’hypothèse (admise depuis) d’un souvenir dans le “Critias” de la destruction de l’empire minoen par l’explosion de Santorin, vers -1500/-1450. Quant aux Barbares, ils démarquent étroitement par leur architecture et leurs vêtements un mixage des Incas et des Toltèques. Why not, old chap ? Mais au total c’est un banal péplum invraisemblablement mouvementé et manichéen. Heureusement, il y a la fin, qui ménage et réussit un beau cliffhanger, avec magnifiques planches du départ des étranges astronefs des Atlantes.

    D’accord avec toi !

    A mon avis Hergé était bien moins fort que Jacobs pour créer des “cases-tableaux” inoubliables, mais beaucoup plus solide en narration cohérente et originale, sans parler de son humour.

    Si si, Hergé savait aussi réaliser des cases-tableaux d’une puissance évocatrice incroyable ! Au hasard :

    Et je ne parle même pas des cases sophistiquées qui présentent plusieurs niveaux de lecture :

    Certainement son passé de publicitaire et son goût pour la peinture qui ont énormément joué. Maintenant, ces cases constituent comme des pauses dans le récit, qui “souffle” le temps d’une image avant de repartir de plus belle.
    Jacobs, lui, déroule son récit à la fois dans les incipits qui accompagnent quasiment CHAQUE cases, tenant plus de l’illustration qu’autre chose. D’où cette différence de rythme de narration.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #417191

    Hein, quelle mégalopole pour l’Atlantide ! On dirait plutôt un évier de cuisine ultra-moderne selon le magazine américain “Science” de l’époque, et c’est bien au-dessous de la capitale du sinistre Ming (sosie de Magon) dans “Brick Bradford” (1938 !!).
    Oui, je conçois bien ton point de vue, inscrit dans le “schéma actanciel” comme on dit ; il n’en reste pas moins qu’entre les exceptionnelles apparitions de Seccotine et la saga de Nävis dans “Sillages” (pour ne prendre qu’un exemple moderne), il y a un gouffre selon mon approche, disons, historiciste. En 1956, une bombe fait le tour du monde : elle s’appelle Audrey Hepburn, fil de fer et garçon manqué, jeune libraire aux cheveux courts de “Drôle de Frimousse” en pleine pneumatique et oxygénée Marilyn-Monroe mania. Maurice Tillieux la recrée en BD cette année-là sous le nom de Queue-de-cerise dans le premier album de “Gil Jourdan”. Elle est active dans les récits et efficace, mais disparaîtra au fil des albums…
    Dans SOS Météores, un peu après, apparaissent dans le récit du début deux femmes (on croit rêver!) mais assez différentes : l’une est une vieille commère aux airs de sorcière et l’autre est une dondon assez mûre, la cuisinière Catherine du professeur Labrousse. Dans une (pathétique) tentative de séduction par Mortimer, il lui déclare : “Vous êtes un véritable cordon bleu !” et elle rétorque “Oh, Monsieur est trop indulgent!” et il prend un râteau donc. Blague à part, selon un article joint aux albums, E.P. Jacobs à l’époque ne pensait pourtant qu’à sa première épouse, qui l’obsédait, bien que remarié. Installez-vous sur ce divan, mon cher Edgar, et parlez-moi de votre père et de votre mère… (au fait Hergé s’est fait psychanalyser ; et je me rends bientôt à l’ample expo qui lui est consacrée au Grand Palais).
    Tu as raison en parlant de belles “cases-tableaux” chez Hergé aussi, mais je leur trouve un côté moins… comment dire ? “puissamment kitsch” ? “mythologique” ? plus réalistes ? Et pourtant Hergé manie l’onirisme aussi bien, voire mieux que Jacobs ! J’espère en débattre un de ces 4 de vive voix avec toi, Bub !
    Formidable course-poursuite de Blake par les deux gangsters à bord de leur “Custom” bleue. La suite, la suite !
    Cher Bub, passionnante discussion ! N’hésite surtout pas à me contredire !

    Edit : “SOS Météores” achevé. E.P.Jacobs a pris “météores” au sens étymologique de “phénomènes climatiques”, ce qui ne nous est précisé dans l’album que par Olrik, p.50 : cultivé, le gaillard !
    Un très bon album, avec là encore d’impressionnantes cases sur le délire climatique final, et l’ultime, à registres superposés, est des plus belles. Narrativement l’alternance de nos deux héros, Mortimer, puis Blake, puis de nouveau Mortimer, est agréable et logique dans le récit. Pourtant, on comprend assez mal l’objectif du “général” : dérégler gravement le climat ne peut être ni assez puissant ni assez précis pour gêner la défense d’un pays sans gêner tout autant les armées du pays agresseur (lequel ? toute l’Europe est frappée, mais on a des “mouvements de troupes” à nos frontières).

    Bub
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    bub le #417270

    Tu as raison en parlant de belles “cases-tableaux” chez Hergé aussi, mais je leur trouve un côté moins… comment dire ? “puissamment kitsch” ? “mythologique” ? plus réalistes ? Et pourtant Hergé manie l’onirisme aussi bien, voire mieux que Jacobs ! J’espère en débattre un de ces 4 de vive voix avec toi, Bub !

    Pour revenir là-dessus, il faut bien comprendre les intentions de chacun de ces auteurs (et des auteurs de BD en général).
    Hergé cherche surtout à retranscrire l’action de la façon la plus claire possible.
    Par exemple ici :

    (merci à ce site excellent pour les planches !)

    La case tout en bas à gauche où l’on voit haddock courir a été “épurée” par Hergé entre la sortie en prépublication et la version album. Out le tableau et la commode, l’important est de ne pas encombrer la case d’informations superflues : Haddock court point barre. Idem pour la case suivante où le vase à côté de Tintin lui aussi a disparu. L’important pour Hergé est de retranscrire une action, une émotion, une posture, etc. de manière la plus efficiente possible pour ne pas encombrer le récit d’éléments inutiles. Ainsi de case en case, le récit coule et l’action reste parfaitement fluide, prenant ici ou là une légère pause pour contempler le temps d’une case plus ou moins large l’environnement où évoluent nos héros. ça donne une idée de ce qu’est exactement l’esprit “ligne claire” chez Hergé.

    Chez Jacobs, c’est un tout autre état d’esprit qui sert le déroulement du récit : ici, la planche elle-même est déjà une construction monumentale en soi.
    Il suffit de mieux regarder la répartition des cases sur ces diverses planches :


    Ou encore celle-ci, bien plus spectaculaire !

    Une symétrie verticale quasi parfaite coupe en deux toutes ces planches, conférant à l’ensemble une espèce d’esthétisme architectural qui dégage une impression de solennité, comme une colonnade de temple, une sorte de fresque, avant même de jeter un oeil plus curieux sur les cases proprement dites.
    Ajoutons à cela des incipits ou des phylactères énormissimes bourrés à ras bord de textes qui vont parfois jusqu’à faire double emploi avec l’action qui se passe (genre : “Mortimer colle un uppercut au gangster qui bascule en arrière”).
    L’image est ainsi illustrative, elle ne fait pratiquement qu’accompagner le texte.
    D’où ce “kitsch” et ce “mythologique” que tu as ressenti à la lecture : Jacos peut tout à loisir farcir de détails ses cases les plus larges, le lecteur de Blake et Mortimer n’est de toute façon pas invité à passer à la case suivante en urgence, ou alors rarement, à la grande différence de celui de Tintin, et donc peut admirer tout à son aise l’ensemble des cases, puis de la page pour en admirer le style

    Mais gare justement à ceux qui lisent trop vite Tintin !
    Ainsi ne devinent-ils pas le coup d’oeil intéressé que lance le garçon à la houpette à cette ravissante jeune indienne qu’il croise par hasard dans une ruelle. Il faut vite partir, encore, dommage ! ^^

    Sinon je compte moi aussi voir l’expo Hergé, peut-être le 27 ou 28 prochain.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #418009

    Ha ha ! “dommage”, oui, et bien vu ! notre puceau serait-il un peu sexué tout de même ?
    On pourrait se retrouver le 27 ou le 28 pour un Hergé en commun (j’ai ton N° de portable), je ne prends quelques vacances loin de Paris que dans les débuts Novembre.
    Suis scotché par ta démonstration des planches en effet “monumentales” et symétriques de E.P. Jacobs !
    Ce qui m’amène à me désoler un peu du post-Jacobs, à savoir le 1er album des “Sarcophages du 6ème continent” que j’avais acheté (du coup, j’ai juste feuilleté l’album 2 pour connaître la fin). A mon avis, le fantastique est un genre extrêmement exigeant, hélas, des tas d’imbéciles se croient le pouvoir d’imaginer des farfeluteries du moment qu’ils ne se croient plus obligés d’être cohérents avec le réel, alors qu’ils le sont bien davantage!!
    Ici, les invraisemblances pullulent… Qui plus est les visages de Mortimer et Blake ne “collent” plus, notamment de profil. La beauté des planches en effet disparaît, alors bon, pour moi ça rejoint la junkfood des faux Schtroumpfs par pas-Peyo…

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #418841

    L’expo Hergé à Paris au Grand Palais est très dense, et à voir ! Je l’ai visitée avec l’ami Bub, qui en parlera sans doute aussi quand il aura plus de temps, lui qui a été passionnant pour moi sur la structure des planches, les brouillons et story-boards (abondants dans l’expo), le jeu narratif des cases, etc.
    A part cela on suit la vie et la carrière du célébrissime auteur, même si l’on met la sourdine sur ses développements politisés archi-simplistes – pour rester indulgent – dans les années 1930 à 1945. On a raison de ne pas lui en faire un procès car, il l’a dit lui-même plus tard, il n’avait alors aucune expérience vécue du monde extérieur et donnait dans tous les poncifs populistes belges de l’époque. D’ailleurs il a “repeigné” tous ses albums dans un sens humaniste au cours des années 1960.
    Pour autant, d’accord avec Bub, il me semble qu’il n’y a pas trop à regretter l’album mort-né “L’Alph-art”, car les dernières oeuvres (Tintin et les Picaros, Vol 714 pour Sydney) montraient déjà un déclin marqué et des redites. De plus en des temps de BD beaucoup plus réalistes (même l’improbable Gaston Lagaffe avait au même moment un job et un salaire), il devenait bizarre de voir Tintin, jadis reporter, vivre en parasite oisif de Haddock, et ce dernier ni “capitaine” ni vrai châtelain…
    Exactement comme Franquin, entre autres artistes dits “mineurs”, Hergé traînait un complexe d’infériorité envers le “grand art” des musées et s’y essaya, influencé par Joan Miro, Hans Arp, Paul Klee, Tapiès… Nous le savons maintenant, c’était une erreur : aujourd’hui les musées sont friands d’expos sur les bédéistes – le Grand Palais le montre – et l’art abstrait / informel de Miro, Arp, Tapiès vieillit de plus en plus mal, “audaces” devenues très datées en notre XXIème siècle.

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