Saint Seiya, au nom d’Hadès

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AL : Entre être fan et en venir à s’investir dans un projet de trailer, il y a un pas. Expliquez nous comment vous est venu cette idée folle.
J.A. : Ce n’est pas un pari. Moi, cela fait énormément d’années que je dessine, il y a beaucoup de mes dessins dans AnimeLand, j’ai toujours essayé de coller au style d’ARAKI. Une fois que j’ai estimé en avoir à peu près fait le tour, je suis passé à du KAZUO, à du HOJO, ce qui m’a permis d’acquérir des techniques qui m’ont aidées dans mon développement. Je suis ensuite revenu à mes premières amours. En 95 on a fait deux arts book sur la série Hades, qui nous ont pris 9 mois chacun, reprenant toute la série Hades, et mis en scène par Arnaud DOLENN, dans l’esprit de vouloir faire une transition entre le manga et l’anime à la ARAKI. Le but, était de faire découvrir ce que nous n’avons jamais pu obtenir : la série Hades. D’autant plus que dans Hades, on comprend pourquoi les chevaliers d’or ne peuvent intervenir face à Poseïdon. En 98, on était assez fan d’Harlock et on a voulu faire un court métrage dessus, j’avais essayé de réunir une équipe, on a manqué de soutien (on avait d’ailleurs sollicité AnimeLand), et le projet est tombé à l’eau. C’était assez frustrant. Puis j’ai rencontré Jean Sébastien, un peu par hasard, sur le stand Cartoonist, il travaillait sur un film amateur parodique. On s’est bien compris, et du coup, j’ai tout plaqué (je travaillais sur un art de Lady Oscar) pour me lancer sur St Seiya. Le projet a commencé il y a 9 mois avec les storyboard, les premiers dessins, les essais, histoire de voir ce qu’on pouvait faire avec les logiciels que l’on avait. On ne pouvait pas travailler autant que l’on voulait parce que l’on avait aussi notre job à assumer à côté. La petite scène d’Iki (le prologue) a mis à peu près un mois et demi a être créée. On a débuté donc tranquillement. Et puis on en a parlé à Olivier GILBERT, qui nous a aimablement fait de la pub, et ça a eu un effet boule de neige hallucinant, on s’est retrouvé en quelques jours avec des mails qui venaient de partout dans le monde, des pétitions venant du Brésil… Cela a prit une dimension qui était bien au delà de ce que l’on pouvait imaginer. Donc on s’est dit “on est super attendu au tournant, il faut qu’on assure, on ne pouvait plus montrer à ce public seulement quelques images animées”.

AL : Êtes-vous satisfait de l’accueil du public à Cartoonist ?
J.A. : On a été très surpris, très bien accueilli, cela fait vraiment très plaisir, on s’attendait à plus de critiques, ils ont salué l’effort malgré les imperfections de notre travail. Ce que je retiendrais surtout, c’est les gens qui sont passés nous voir après la projection pour nous dire qu’on leur avait offert un peu de rêve. On a eu une standing ovation, c’était une grande joie, d’autant plus qu’on avait très peur en arrivant, on s’est donné à fond sur le projet, donc on avait bien la pression, mais dès le premier jour, avant même que le trailer soit projeté, on nous applaudissait, ça a été fabuleux de voir déjà l’ouverture des gens, leur tolérance, la file d’attente devant la salle, et ceux qui en sortent pour nous dire qu’ils se sont régalés. Et on remercie beaucoup le public pour cela.
J.S.A : On avait envie de défrustrer le public St Seiya et de leur offrir ce cadeau, de leur apporter un peu de rêve. On espère avoir des réactions au niveau du Japon, et même voir si on peut faire quelque chose avec eux. Ce qui est certain, c’est que l’on a pas du tout l’intention de faire la série à leur place, c’est une série qui appartient à la Toei.

AL : Vous espérez que les auteurs pourront voir votre oeuvre ?
J.A. : Oui, on espère, ce serait génial ! On aimerait que cela remotive la Toei pour faire la suite. Moi, j’ai eu la chance devoir ARAKI lors de sa venue au Cartoonist, mais on était pas encore sur le projet à cette époque. On essaye aujourd’hui, avec le soutient d’Olivier GILBERT de faire en sorte que les auteurs puissent voir ce trailer.

AL : Vous pensez, après 10 ans de la fin de la série, qu’il pourrait y avoir une suite ?
J.S.A. : Tout dépend de la façon dont St Seiya est perçu par le public aujourd’hui, au Japon. A mon avis, les producteurs japonais regardent d’abord l’interne du marché japonais, avant de considérer l’export. Donc le fait que l’on montre ici, qu’il y a une attente énorme au niveau européen, et américain, peut au moins leur montrer qu’il y a vraiment une attente, s’il n’y a pas la même au Japon, je ne sais pas ce que l’on peut en espérer. Mais bon, c’est vrai que l’on attend un retour de leur part.

AL : Cette aventure vous a motivé pour reprendre votre projet sur Harlock ?
J.A. : Finalement non. On va déjà prendre des vacances et du recul. Il n’est pas prévu non plus de continuer la suite de Hades pour le prochain Cartoonist, ce n’est pas le but.

AL : Vous aimeriez travailler sur du dessin animé au Japon ?
J.A. : Non, au Japon non, en France, pourquoi pas… enfin, pour bosser sur la suite de St Seiya, je signe tout de suite, mais il y a énormément de projet qui peuvent être menés et il faut aussi faire des choix. En tout cas si on retravaille dans l’animation, ce ne sera pas dans les mêmes conditions, mais plutôt dans le cadre d’un vrai travail.

AL : Il a fallu faire de nombreux sacrifices pour que ce projet voit le jour ?
J.S.A. : Nous avons fait ce travail en parallèle à notre boulot, car nous travaillons tous les deux en tant qu’ingénieur, c’est aussi cela qui nous a permis de mener ce projet à bien, mais par exemple, je n’ai toujours pas de frigo.
J.A. : Oui, heureusement que l’on avait un travail, déjà, car c’est une sécurité financière et cela nous a aussi permis de financer le projet, chez moi, il a fallu aussi faire des choix. Et puis le temps passé sur St Seiya, ça a été autant de temps en moins pour les personnes qui nous sont proches, c’est un sacrifice à ce niveau là aussi. De mon côté cela a été un sacrifice humain, du côté de Jean Sébastien cela a plutôt été un sacrifice financier.

AL : Combien de personnes vous ont aidés de manière effective sur ce projet ?
J.A. : On voudrait remercier Olivier GILBERT pour son soutient, mais aussi le frère de Jean Sébastien qui nous a beaucoup aidé, sur les scans, pour les détourages, les retouches, et Arnaud DOLENN qui s’est occupé de l’adaptation des textes. Nos humbles remerciements à Ludovic LE MENTEC qui a traduit les textes du drama Hades.

AL : Ce trailer est il disponible sur Internet ?
J.A. : Pour le moment non. On a la quasi certitude qu’il n’y a pas de copie faite de notre K7. On va essayer d’en conserver la distribution au niveau des festivals, pour qu’un maximum de personnes puissent le voir. On va essayer d’en rester les maîtres un maximum de temps, même si on sait que cela nous échappera à un moment ou à un autre, surtout quand on voit le nombre de camescope qui tournait dans la salle. De toute manière, il est hors de question pour nous que l’on en fasse un commerce et que l’on prétende faire la suite. On ne désire pas distribuer ce trailer sur le Net car les rumeurs vont trop vite et il est impossible de maîtriser quoi que ce soit. Pour donner un exemple, il y a deux jours, un gars est venu en nous disant qu’il avait entendu que l’on allait sortir le box de la série complète au mois de Juin. Pour un fan, qui a envie inconsciemment d’entendre cette nouvelle là, il est évident qu’il va la croire, et pourtant c’est n’importe quoi. JSA : On ne veut surtout pas que les auteurs originaux s’imaginent que l’on essaye de les doubler, ce n’est absolument pas le but, on reste nous sur l’idée d’offrir un cadeau aux fan, juste un moment de rêve, en gardant un bon esprit.

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